Le Tarn s’est encore affirmé comme un territoire au cœur de la santé numérique lors de la rencontre territoriale TOP e-santé, le mardi 15 octobre à Albi. Une quarantaine de professionnels ont participé à la rencontre, largement nourrie par les questions du public.
Un rapide tour d’horizon sur quelques usages du numérique en santé témoigne de la diversité des pratiques et du nombre très important de professionnels acteurs de cette transformation.
Des pratiques santé qui s’appuient sur des outils numériques
L’équipe d’animation territoriale du Tarn a pris en exemple :
- le déploiement de l’expertise gériatrique dans les EHPAD par les centres hospitaliers de Castres, Lavaur, Albi et la Fondation Bon Sauveur d’Albi
- le lancement du centre de ressources territorial à Valence, porté par VYV 3, pour le maintien de la personne âgée à domicile,
- la coordination parcours complexes avec le partage du dossier patient avec des équipes pluriprofessionnelles par la DAC 81, mais aussi PCO-TND (Fondation du Bon Sauveur), PCPE (ASEI), Communauté 360…
Le Tarn est également un des deux départements de la région porteur de l’expérimentation sur le DUA (Dossier Unique d’Admission) via le module Handicap de ViaTrajectoire. Un tiers lieux d’expérimentation sur le Sud Tarn est en cours. RI2S (Rural Innov Santé Sénior) est dédié à l’expérimentation et au co-développement de solutions numériques destinées à la prévention et aux soins des séniors en milieu rural ou isolé.
Le virage numérique suscite des inquiétudes
Tout n’était pas rose pour autant à Albi, les professionnels ont saisi l’opportunité de ce rendez-vous avec la directrice du GRADeS, Julie Durand, pour exprimer aussi leurs difficultés et leurs inquiétudes.
Les craintes sont vives sur la mise en œuvre des ordonnances sécurisées. Dans trois mois 2 médicaments ( la codéine et le tramadol) seront prescrits uniquement sur une ordonnance sécurisée. Le déploiement de la Messagerie Sécurisée de Santé dans les officines assure la sécurité de la transmission numérique des ordonnances entre les médecins et les pharmaciens mais ne constitue pas une ordonnance sécurisée. Les professionnels ne se sentent pas équipés pour ce changement.
L’accompagnement organisationnel prime sur le déploiement d’outils numériques
Les échanges avec les participants ont largement tourné autour de la question de la maturité des organisations pour les usages numériques de santé. Le GRADeS accompagne les acteurs dans cette transformation, et fournit des services avec ou sans outils. Ainsi ATO, l’annuaire de recensement des professionnels proposant la télé-expertise, ou encore les prestations autour de la cybersécurité ne dépendent pas d’un outil régional ou national.
La e-santé dans les parcours de soins par une CPTS
Delphine Calicis, coordinatrice de la CPTS du Grand Gaillacois, a présenté les usages de l’outil de coordination SPICO dans le cadre du dispositif d’accès aux soins et de réponses aux demandes de soins non-programmés. Plus d’une vingtaine de conversations SPICO sont en cours avec autant de médecins généralistes et une avec le SAS (service d’accès aux soins). Il y a aussi une connexion via SPICO avec les infirmières du territoire, ce qui facilite les recherches de professionnels pour une intervention.
C’est d’abord le DAC qui créé un dossier partagé SPICO mais ça peut arriver que la CPTS l’effectue, lorsqu’elle est contactée par un établissement sanitaire ou une famille pour organiser un retour à domicile.
Tout est tracé de façon sécurisée.
La cybersécurité au quotidien dans un établissement de santé
Le Dr Jean-Christophe Steinbach, DSI et DIM du Centre Hospitalier Intercommunal de Castres Mazamet, a ensuite raconté la prise de conscience progressive, ces dernières années, de l’ampleur des enjeux de cybersécurité. L’établissement de santé a connu plusieurs incidents en 2021, suite à des dysfonctionnements dans leur système d’information ou dans celui d’un éditeur. Depuis, un chemin important a été parcouru, au sein de l’établissement et dans le cadre du GHT. Un responsable de la sécurité des systèmes d’information, nécessairement détaché de la DSI, définit les objectifs de sécurité de l’établissement et le décline en actions.
Jean-Christophe Steinbach a aussi listé ce qui lui est utile et les différents interlocuteurs institutionnels dans ce contexte :
- le programme de renfort des ressources humaines de l’ARS qui est très pertinent
- l’accompagnement du GRADeS sur des campagnes de phishing pédagogiques, des tutoriels, des marchés pour faire des audits ou des simulations de crise… Les attaques arrivent par la messagerie, les clés USB donc la sensibilisation des utilisateurs est essentielle. Un plan de formation spécifique (3h) pour l’ensemble des agents de l’établissement sanitaire est mis en place : comment identifier une attaque, quels sont les bon gestes, comment altérer, comment redémarrer, etc.
- la HAS aussi sur la gestion de la confidentialité notamment
- l’ANSSI Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (cyber.gouv.fr)…
L’amélioration et la simplification électronique des professionnels de santé fiait l’objet chantier national de référentiel, aujourd’hui un établissement en Occitanie y répond.
Nouvelles pratiques dans les services d’accompagnement à domicile
Pascal Labbé, de Famille services, a ensuite décrit les difficultés rencontrées sur le terrain par les acteurs du médico-social.
Ce professionnel du médico-social n’a pas parlé de la complexité des outils mais de celle de la co-construction, de la diversité des attentes de chaque profession et des différences de maturité. « Parfois nous n’imaginons comment nous allons pouvoir mettre en pratique certaines dispositions demandées par nos collègues ». L’exemple de la vérification de l’identité illustre les difficultés de mise en œuvre sur le terrain, auprès de personnes âgées. C’est compliqué, perçu comme intrusif de demander la carte d’identité dans un contexte où les personnes âgées sont constamment mises en garde.