Un événement pour fédérer les acteurs du territoire
Dès l’ouverture, Julie Durand a rappelé les grandes missions du groupement régional : accompagner les professionnels de santé dans l’adoption des outils numériques, assurer un déploiement efficace de la stratégie e-santé et favoriser l’échange entre les acteurs du secteur. « Ce type de rencontre permet de mettre en lumière les bonnes pratiques et de créer du lien entre les différents professionnels de santé », a-t-elle souligné.
Cybersécurité : un enjeu majeur pour les établissements de santé
L’un des temps forts de la journée a été l’intervention sur la cybersécurité par M. Goutines, responsable informatique du centre hospitalier de Cahors.
Les établissements de santé produisent et exploitent une immense quantité de données nominatives sensibles. Ces données sont une cible de choix pour les cyberattaquants, et chaque faille dans la sécurité des systèmes d’information (SI) peut avoir des conséquences dramatiques sur la prise en charge des patients :
- Altération des données médicales : une modification non détectée des informations peut entraîner une erreur de diagnostic ou de traitement, mettant directement en danger la santé du patient.
- Indisponibilité des systèmes : lorsqu’un SI est paralysé par une attaque, les professionnels de santé peuvent perdre l’accès aux dossiers patients, ralentissant ainsi les soins, retardant des interventions et compromettant des actes médicaux essentiels. Cela peut conduire à une perte de chance, notamment dans les cas d’urgences vitales.
- Violation de la confidentialité
Les hôpitaux et cliniques sont particulièrement vulnérables aux cyberattaques en raison de leur dépendance au numérique. Plusieurs facteurs augmentent les risques :
- L’erreur humaine (mots de passe faibles, ouverture d’un e-mail frauduleux, etc.).
- Le manque de mises à jour de sécurité des systèmes.
- Les attaques externes (rançongiciels, vols de données, tentatives de sabotage).
Face à ces menaces croissantes, des mesures de sécurisation doivent être mises en place à plusieurs niveaux :
- Garantir l’intégrité et la disponibilité des données grâce à des protocoles de sauvegarde et des systèmes de protection avancés.
- Sensibiliser et former les professionnels de santé aux bonnes pratiques en matière de cybersécurité.
- S’appuyer sur des certifications et des normes reconnues (HAS, certification des comptes, OSE, HOP’EN) pour structurer et renforcer la sécurité des SI.
- Bénéficier d’un accompagnement par des experts : les GRADeS et l’ARS proposent des audits, des conseils et des accompagnements personnalisés pour renforcer la sécurité du SI de l’établissement.
- Adopter une démarche de résilience : inclure des clauses de sécurité dans les contrats avec les fournisseurs et prestataires, tester régulièrement la robustesse des infrastructures informatiques, et disposer de plans de reprise d’activité en cas de cyberattaque.
La cybersécurité ne doit plus être perçue comme une contrainte technique, mais bien comme un élément clé garantissant la qualité, la continuité et la sécurité des soins prodigués aux patients.
ESMS Numérique : une modernisation progressive mais essentielle
Céline Ayroles et Valérie Cantaloube-Stahl, porteuses de la grappe APEAI ADAR, ont ensuite témoigné sur leur expérience de création de grappe pour candidater au programme ESMS Numérique, qui vise à moderniser et sécuriser les systèmes d’information des établissements et services médico-sociaux (ESMS). Elles ont témoigné des avancées réalisées et des défis rencontrés : « L’un des enjeux majeurs est d’accompagner les professionnels dans la prise en main des outils numériques. L’adhésion ne se fait pas du jour au lendemain, mais les bénéfices sont bien réels », a expliqué Céline Ayroles.
Il en est ressorti que la mise en place d’une grappe nécessite un engagement fort des établissements, avec une à deux réunions hebdomadaires impliquant les directions et chefs de services pour structurer le déploiement, harmoniser les processus et organiser les actions. Pour assurer une adhésion collective, la démarche doit également être soutenue par une communication régulière.
Téléexpertise en dermatologie : Omnidoc, un outil efficace pour les professionnels de santé
Hélène Siew, coordinatrice de la CPTS Nord Lot a partagé son retour d’expérience sur les usages d’Omnidoc pour la téléexpertise en dermatologie. Avec une simple photo accompagné d’un commentaire, cet outil permet aux médecins de solliciter un avis spécialisé à distance et de manière asynchrone, améliorant ainsi la prise en charge des patients.
« Grâce à cet outil, nous obtenons un avis médical du spécialiste en moins de 24h, contre plusieurs semaines voire plusieurs mois auparavant. C’est un vrai gain de temps pour les médecins et un confort supplémentaire pour les patients », a témoigné le Dr Olivier Darreye, médecin généraliste du Lot.
Les échanges qui ont suivi ont mis en avant l’intérêt croissant pour la téléexpertise, qui facilite la collaboration entre les praticiens et fluidifie les parcours de soins.
Une journée riche en partages et perspectives
Au-delà des présentations, les discussions informelles ont permis aux participants de partager leurs expériences et leurs attentes. Beaucoup ont salué l’organisation de cet événement : « C’est essentiel d’avoir ces moments d’échanges pour comprendre les avancées et les défis du numérique en santé », a confié un professionnel de santé présent.
Cette journée a ainsi permis d’identifier des pistes d’amélioration, de renforcer la coopération entre les acteurs et d’encourager l’adoption des outils numériques. Les participants sont repartis avec de nouvelles idées et une meilleure compréhension des enjeux du numérique en santé.