L’URPS invite les infirmiers libéraux de la région à « prendre le taureau par les cornes » pour s’emparer de la e-santé.
Environ 400 infirmières et infirmiers libéraux d’Occitanie ont participé au forum sur le thème des infirmiers connectés, à l’invitation de l’URPS Infirmiers Libéraux d’Occitanie, le 7 novembre à Carcassonne. Durant une journée, des débats et des ateliers ont permis aux participants de s’informer et d’échanger sur leurs usages.
L’Agence Régionale de Santé, l’Assurance Maladie et le GRADeS ont présenté les projets en cours dans la région ainsi que la « boîte à outils ». Ils ont insisté sur l’importance d’inscrire le numérique en santé en appui d’une organisation médicale, d’un projet de soin, dans une logique de parcours sur un territoire. Et tous les intervenants, dont le Docteur Jacques Lucas, grand témoin du forum, ont rappelé l’importance de la protection des données de santé.
Le numérique en santé, une manière d’aller vers
Le numérique est une manière d’aller vers le patient où qu’il se trouve, notamment dans les lieux peu accessibles, a souligné Didier Jaffre, le Directeur Général de l’ARS Agence Régionale de Santé Occitanie (ARS). C’est aussi une manière d’aller avec, et donc de faire mieux, en se connectant avec d’autres professionnels de la santé et des spécialistes médicaux, au chevet des patients ou dans un lieu proche. Par exemple les médicobus connectés améliorent l’accès aux soins dans les zones rurales isolées.
La e-santé fait partie des engagements forts du nouveau Programme Régional de Santé en Occitanie, qui a été publié début novembre. Didier Jaffre a encouragé les infirmiers à participer activement à cette transformation numérique.
Un état des lieux des outils utilisés par les infirmiers libéraux d’Occitanie
Selon un sondage réalisé en direct au forum, les usages sont généralisés pour les Messageries Sécurisées de Santé puisque 80% des répondants ont déclaré en utiliser une. C’est le premier outil cité en réponse à la question « qu’est-ce qui vous est le plus utile ? ».
Cependant, de nombreux professionnels utilisent aussi des outils non sécurisés pour des usages de santé, les textos ou le téléphone, notamment G-Mail ou WhatsApp, mais aussi Signal ou Telegram.
Parmi les autres outils qualifiés de de très utiles se trouvent SPICO et Domoplaies. Enfin les infirmiers libéraux expriment le besoin d’un outil sécurisé pour échanger des messages vocaux et le souhait d’une harmonisation des outils pour que les collègues utilisent le même.
Le “far-west des outils” et l’Etat plateforme
Le président de l’URPS Infirmiers Libéraux d’Occitanie a partagé les difficultés rencontrées face à une offre pléthorique d’outils numériques. Jean-François Bouscarain a utilisé le terme « d’ensauvagement des outils » pour alerter sur le risque de développement anarchique et lucratif d’outils isolés, sans interopérabilité. Si l’Occitanie est « exemplaire en termes d’offres sur le territoire », il y a « un vrai travail de rationalisation des outils à mener ». L’URPS Infirmiers Libéraux insiste sur l’importance du rôle de l’Etat, pour garantir un accès à tous pour tous, en portant la valeur de solidarité.
La directrice d’e-santé Occitanie, Julie Durand, a rappelé le principe de l’Etat plateforme : l’État fixe les règles et les acteurs privés développent les innovations et l’offre d’outils numériques. L’équipe d’animation territoriale du GRADeS propose aux infirmiers, notamment via les organisations d’exercice coordonné, CPTS et MSP, de leur donner de la visibilité sur les outils qui existent, respectueux du cadre. Elle apporte un conseil et une expertise sur leur pertinence par rapport à des pratiques et des organisations locales.
La téléconsultation assistée, une pratique qui suscite un vif intérêt
Les retours d’expérience sur la téléconsultation assistée ont particulièrement intéressés les infirmiers libéraux participant au forum. Dans le contexte de manque de médecins, cette pratique est intéressante au niveau métier pour les infirmiers et apporte un grand service aux patients. Cependant le débat porte sur la valorisation financière. « Il y a de bonnes initiatives comme en Ariège », a souligné Philippe Trotabas, directeur coordonnateur de la gestion du risque en Occitanie de l’Assurance Maladie.
Des ateliers pour la pratique
Lors des ateliers ou sur le stand placé à l’entrée de la salle plénière, plusieurs professionnels du GRADeS ont détaillé certains usages ciblés sur les pratiques infirmiers, avec notamment une démonstration sur l’alimentation et la consultation de documents sur le DMP (vaccination, compte-rendu d’hospitalisation, ordonnance…).